NATIONSUNIES |
CRC |
|
|
|
Convention relative aux |
Distr. Original : FRANÇAIS |
COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT
Trentième session
COMPTE RENDU ANALYTIQUE DE LA 784e SÉANCE
tenue au Palais Wilson, à Genève,
le vendredi 24 mai 2002, à 10 heures
Président : M. DOEK
SOMMAIRE
EXAMEN DES RAPPORTS DES ÉTATS PARTIES (suite)
Rapport initial du Niger
_______________
Le présent compte rendu est sujet à rectifications.
Les rectifications doivent être rédigées dans l'une des langues de travail. Elles doivent être présentées dans un mémorandum et être également incorporées à un exemplaire du compte rendu. Il convient de les adresser, une semaine au plus tard à compter de la date du présent document, à la Section d'édition des documents officiels, bureau E.4108, Palais des Nations, Genève.
Les rectifications aux comptes rendus des séances publiques du Comité seront groupées dans un rectificatif unique qui sera publié peu après la session.
La séance est ouverte à 10 h 35.
EXAMEN DES RAPPORTS DES ÉTATS PARTIES (point 4 de l'ordre du jour) (suite)
Rapport initial du Niger [CRC/C/3/Add.29/Rev.162; HRI/CORE/1/Add.45/Rev.1; CRC/C/Q/NIG/1 (liste des points à traiter); CRC/C/RESP/6 (réponses écrites du Niger distribuées en séance,en français et en anglais)]
1. Sur l'invitation du Président, la délégation nigérienne, composée de M. Laouali et de Mme Bebert, prend place à la table du Comité.
2.
M. LAOUALI (Niger),présentant le rapport de son pays
en sa qualité de Secrétaire général du
Ministère du développement social, de la population, de
la promotion de la femme et de la protection de l'enfant,
rappelle souligne que depuis la ratification de
la Convention relative aux droits de l'enfant le Niger a
pleinement conscience des tâches et des responsabilités
qui sont les siennes dans ce domaine. Le Gouvernement a ainsi pris
un certain nombre de mesures politiques, institutionnelles et
économiques visant à donner une suite aux principes
formulés dans la Convention.
5.
Mme OUEDRAOGO, Rapporteuse du Comité pour
l'examen du rapport du Niger, se félicite
de ceconstate avec satisfaction que le
rapport du Niger suitve dans une large mesure les
directives du Comité et que ceElle note que
le rapportexaminé, riche
en informations, est plaisant à lire du fait de sa
structure très pratique, qui met en
exergueexpose tant les progrès
accomplis que les difficultés rencontréeset,
tout en indiquant les mesures prises
et les infrastructures mises en place. Elle
estime que cLe rapport est relativement
critique et analytiquemais les rares .
Malheureusement, même s'il fournit quelques
données statistiques récentesy
figurant , celles-ci ne couvrent pas tous les
domaines de la ConventionMme Ouedraogo constate que le
Niger évoque souvent dans son rapport le
problème que posent pour la mise en œuvre de la
Convention les ressources très limitées dont le pays
dispose. Il convient de noter que les ONG ont
participé à l'élaboration du rapport et que ce
rapport a fait l'objet d'une diffusion publique.
6.
S'agissant des mesures générales
d'application, et en particulier de la
législation,ElleMme Ouedraogosouhaiterait
savoirdemande si l'avant-projet de loi sur
les mineurs mentionné dans le rapport a
été relu, finalisé et éventuellement adopté
depuis l'élaboration du rapportet
s' ?A-t-il a
été élaboré sur la base des lois
existantes. ? Des
précisions voudrait également disposer
d'informations sur la Charte nationale de la jeunesse
adoptée en 1998 ainsi queet
sur la Déclaration de la
politique nationale de la jeunesseainsi que sur
les . Quels sont les progrès
qui
ont été accomplis dans leur
a mise en œuvre seraient
utilesde cette politique .? Est-ce dans ce cadre
qu'a
été créée la Direction de la
protection de l'enfantcea
été créée et que le Ministère a
été ainsi désigné, reprenant ce volet dans
son intitulé ?
9.
Mme Ouedraogo se demande si l'on n'assiste pas
à une discrimination de fait à l'égard des filles
s'agissant de la définition de l'enfant, en particulier
de l'âge minimum fixé pour le mariage (15 ans pour
les filles, 18 ans pour les garçons) ? Le Niger
envisage-t-il de relever cet âge minimum pour les
filles, , en particulier
pour faire face au problème des lequel a certainement un impact
négatif sur les mariages
précoces et des ? Le Niger entreprend-il des
actions visant à décourager ces mariages
forcés ?
10.
Enfinn ce qui concerne l'Organisation de
l'armée de la résistance, dquelles sont les
dispositions qui ont-elles été prises
pour faire en sorte que l'Organisation
de l'armée de résistance cesse de cette
organisation recruter des enfantsdans ses
rangs ?
11. M.
CITARELLA demande s'inquiète de savoir quel
est le statut de la Convention en droit interne,
en particulier si . La Convention en
tant que telle a-t-elle une quelconque valeur d'un point de vue
pratique : les tribunauxsont-ils en mesure de
l'appliquerpeuvent se fonder sur ses dispositions, et
souhaite ? savoir si la Commission nationale
chargée de la réforme législative
en matière pénale et civile a engagé ses
travaux, et notamment de la loi sur les mineurs
dont il
est fait état dans le rapport,etet notamment si
la
loi sur les mineurs/oua
étéapprouvée par le Parlement vu que
l'État s'était fixé pour objectif de mettre
en place les juridictions pour mineurs d'ici à
l'an 2000.Qu'est ce qui a déjà
été réalisé à ce
sujet ?
12.
Quant au problème posé par la
coexistence du droit coutumier et du droit positif, il demande
qu'on lui fournisse Il serait bon d'avoir des
éclaircissement sur la constatation figurant dans le
rapport selon laquelle l'âge du mariage est fixé par
le Code civil à 18 ans pour les garçons et
15 ans pour les filles mais « le Code
civil est d'application quasi inexistante ». Quels
sont les âges fixés par le droit coutumier pour la
définition de l'enfant, l'âge du mariage et
l'âge d'admission à l'emploi ?
13.
Mme CHUTIKUL demande si voudrait
connaître la composition desles ONG, les chefs
traditionnels et les enfants sont représentés
dans
les comités régionaux et sous-régionaux pour
la survie, la protection et le développement de
l'enfantLes ONG, les chefs traditionnels et
éventuellement les enfants y sont-ils
représentéset q ?
Quel lien existet-il entre eux
ces
Comités et le Comité national.
Il serait bon en outre que la délégation
lui précise ce qu'elle entend
par pProgramme d'action national
et s'il en existe plusieurs puisque référence
est faite à un programme d'action national adopté au
lendemain du Sommet mondial pour les enfants de 1990 puis
à un autre couvrant la période 2000‑2010.
15.
Enfin, elle aimerait savoir sis'agissant du
rôle les ONGbénéficient d'un soutien
(financier, technique oumoral) de la part du
Gouvernement et s'il est-il vrai
qu'elles sont très peu
implantées e ces organisations existent surtout au
niveau national et très peu en milieu rural.
Bénéficient-elles d'un quelconque
soutien (financier, technique, moral) de la part du
Gouvernement ?
16
Mme AL-THANI dit qu'il est
frappant dans le rapport soumis par le Niger que l'approche
adoptée ne soit pas basée sur les droits de
l'enfant. Elle salue les efforts menés dans le
cadre des divers comités et programmes d'action
en faveur de la survie, de la protection et du
développement des enfants,, mais estime constate
qu'une e cette approche n'est
pas holistique basée sur les droits de
l'enfant fait encore
défaut et demande sile Niger envisage de
s'engagersur cette
voie mMaintenant qu'il
e le
pays a renoué avec une certaine forme de
stabilité., est-il envisageable que le Niger
réoriente ses activités en ce sens ?
17. À
sa connaissance, Quant à la traduction de
la Convention relative aux droits de l'enfant, Mme
Al-Thani dit qu'à sa connaissance la
Conventionn'a été traduite que dans
deux grandes langues du pays,ce qui peut
paraître insuffisant puisque le Niger compte
. Le
pays ayant reconnu 10 langues nationalesofficielles,
est-ce suffisant ?. ?Vu le taux
d'analphabétisme élevé du pays, recourt-on
à des supports non écrits (autres que
les supports écrits)pour faire connaître
la Convention et le rapport à la
population ?
18.
Mme TIGERSTEDT-TÄHTELÄ
note
avec satisfaction se félicite de
ceque le Niger ait
ratifié les principaux instruments relatifs aux droits de
l'hommetout en constatant que, même
si la situation des droits de
l'homme y a peu évolué ces
au
cours dix dernières annéesla situation
des droits de l'homme dans le pays a peu
évolué, notamment en matière de
droits civils et politiques, .
ce qui amène à
conclure que la mise
en œuvrede lLa Convention DE
ne
peut qu'y être difficilede mettre en
œuvre les droits de l'enfant dans un pays où la
situation des droits de l'homme en général
laisse à désirer. A ce titre, elle rejoint Mme
Al-Thani sur sa remarque à propos de , à plus
forte raison en l'absence d'approche fondée
sur les droits de l'enfant. Aujourd'hui, la situation dans le
pays s'améliore et avec le retour de la démocratie,
les donateurs et les institutions monétaires refont leur
apparition.
19. Elle
Mme
Tigerstedt-Tähtelä souhaiterait savoir quelles
sont les grandes lignes de la stratégie de réduction
de la pauvreté et de la politique économique mises
en place par le Gouvernement, qui ne peuvent que
contribuer à la mise en œuvre de
la Convention. Le Gouvernement entend‑il adopter
une politique de décentralisation tendant à
déléguer davantage de pouvoir aux régions et
municipalités ?
20.
Mme Tigerstedt-Tähtelä lit au
paragraphe 54 du rapport que,Dans le
rapport,il est indiqué qu'en
matière de soins de santé primaires, les taux de
participation sont fixés par les conseils locaux qui
doivent tenir compte du coût réel des prestations
fournies. La délégation peut‑elle donner
un complément d'information sur ce point
sujetainsi que sur le budget
alloué aux soins de santé et au développement
social ? Comment le système d'imposition
nigérien fonctionne‑t‑il ? Quels
rapports le Gouvernement entretient‑il avec les
institutions monétaires internationales et la
communauté des donateurs ? A‑t‑il un
interlocuteur privilégié au sein de ces
institutions ?
21.
Mme KHATTAB se dit
consciente de souligne l'ampleur de la tâche
que la mise en œuvre de la Convention
représente pour le Nigerpuisqu'il :
arrive en effetau deuxième rang des
pays les plus pauvres du monde, que le taux
d'analphabétisme y est très élevé et
que les questions relatives au statut
personnel sont régies par le droit coutumier.
22.
Mme KhattabElle
sdemande ouhaite savoir
quelles sont les mesures mises en œuvre
parcomment procède le Gouvernement
pour sensibiliser la population à
la Convention, vu qu'il doit se heurtereu égard aux traditions
profondément ancrées dans la culture du pays,
s'il . Le
Gouvernement compte‑t‑il surs'en remet à la
Commission nationale des droits de l'homme et des
libertés fondamentales pour diffuser le texte de
la Convention aux enfants et s'il aapporte
un soutien financier à cette la
Commission.nationale des droits de l'homme et des
libertés fondamentales
Elle
aimerait en outre savoir Faisant observer que le Comité
chargé des questions relatives à l'enfance relève du
Ministère du développement social, Mme
Tigerstedt‑Tähtelä se demande comment
il est possible au Gouvernement de se charger à la fois de la
coordination des activités et de la surveillance de leur mise
en œuvre. Unsi un comité
interministériel chargé de coordonner les
activités des différents ministères
concernés (ministères de l'éducation, de la
santé, de la culture, de la justice entre autres) a
été mis en place. Le Gouvernement entend‑il
harmoniser l'âge de la majorité?
23.
M. AL-SHEDDI demande,vu le coût élevé
d'une traduction de fait observer
que faire traduire la Convention dans toutes les
langues nationalespublier ces différentes versions
risquerait de coûter trop cher au Gouvernement et de
ne pas aboutir au résultat escompté,
vuet le taux élevé
d'analphabétisme, sdans le pays. i
lLe Gouvernement envisage‑t‑il d'autres moyens
pour sensibiliser la population aux principes consacrés
dans la Convention.
À
ce propos, la La délégation pourrait
indiquer quels ont été les résultats
de donner un complément d'information
sur la campagne de sensibilisation organisée par le
Gouvernement en coopération avec l'UNICEF et diverses
ONG.Quels
résultats cette campagne a‑t‑elle obtenus
Il serait également intéressant
d'M. Al‑Sheddi souhaiterait
également en savoir plus sur l'accord signé
en mars 2000 entre l'UNICEF et l'Association des chefs
traditionnels en vue de sensibiliser la population à
la Convention.
24.
Face
à l'explosion démographique que
connaît le pays, lLe Gouvernement
a‑t‑il sollicité l'aide d'organismes
internationaux ou s'est‑il tourné vers
de 'autres pays ayant connu la
même situation d'explosion démographique
pour endiguer ce phénomène particulièrement
aigu au Niger, où la moitié de la population a moins
de 18 ans ?
25.
Mme SARDENBERG note avec
satisfaction se félicite de ce que
l'élaboration du rapport a été l'occasion d'une
vaste consultation au niveau national et d'un débat entre
les ONG et les organismes gouvernementaux. Selon elle,
lLe Niger pourrait mettre en place des
comités régionaux chargés de veiller à ce
que les principes que consacre la Convention soient
respectés au plan local et associer à ce processus
les chefs traditionnels,compte tenu de leur
,
qui jouent un rôle fondamental dans le pays.
26.
Mme Sardenberg se préoccupe elle‑aussi de l'ampleur de
la tâche dévolue auElle demande comment le
Ministère du développement social de la population, de la
promotion de la femme et de la protection des droits de
l'enfant,
mais elle juge intéressante l'approche qui consiste à
placer l'enfant au centre des plans de développement et
d'aborder la question de manière holistique. Comment le
Ministère coordonneson action ‑t‑il
ses politiques dans les différents secteurs dont il est
responsable et oOù en sont les travaux de la
cCommission des
réformes législatives, chargée
d'harmoniser la législation avec les dispositions de
la Convention. À ce dernier sujet elle aimerait
savoirquels sont les facteurs semblant
retarder l'entrée
en vigueur de ? Il
semblerait que l'ordonnance relative à la justice
pour mineurs, adoptée en 1999. Qu'en est‑il
exactement ?Qu'en est-il en outre de
Par
ailleurs, la révision du Code pénal a‑t‑elle avancé, qui
devrait aborderconcernant en particulier des sujets aussi
sensibles que l'esclavage des enfants ou encore les
mutilations génitales féminines ?
27. Une nouvelle institution relevant du Ministère du développement social semble avoir été créée en 1998 alors que le Comité national pour la survie, la protection et le développement de l'enfant est en place depuis 1991; il serait utile que la délégation fournisse des précisions sur ce point.Enfin, le Niger envisage‑t‑il de ratifier les deux protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant ?
28.
Mme KARP demande si le Niger a l'intention
de créer une structurecomité
qui seraitchargée d'étudier les
divergences entre les dispositions de la Convention et la
coutume, qui régit toutes les questions de statut
personnel.L'État partie entend‑il
s'appuyer sur les chefs traditionnels et les chefs religieux
pour sensibiliser les juges des tribunaux coutumiers aux
principes consacrés dans la Convention?
Le Gouvernement envisage‑t‑il d'harmoniser l'âge de l'admission à l'emploi (actuellement fixé à 14 ans) avec celui de la fin de la scolarité obligatoire (16 ans) ? L'État partie envisage‑t‑il de mettre fin
L'on
peut se poser la question de savoir si l'intégrité morale
et physique des enfants est réellement protégée: il
semblerait que le Code pénal sanctionne le délit
d'attentat à la pudeur sur mineur de moins de 13 ans.
Faut‑il en déduire qu'au‑delà de cet
âge, les mêmes actes ne constituent pas un délit?
Dans le même ordre d'idées, aux mariages
précoces et forcés, qui menacent l'intégrité
des petites filles astreintes à de tels mariages.
29. En vertu du Code de procédure pénale, les enfants de 16 ans témoignent devant une instance judiciaire sans prêter serment. Faut‑il en déduire que pour être considéré comme fiable, leur témoignage doit être corroboré par d'autres ?
30.
Mme OUEDRAOGO demande s'il existe des
structures d'enseignement préscolaire et
.
Elle demande ensuite si la Convention est
enseignée dans les écoles. Les enfants
participent‑ils à la prise de décision les
concernant, dans le cadre par exemple, d'un Parlement des
enfants ? Enfin, les chefs religieux entrent-ils sont‑ils
compris dans la catégorie des chefs traditionnels
dont
il est questionmentionnée dans le
rapport ?
La séance est suspendue à 11 h 35 ; elle est reprise à 11 h 50.
La délégation
nigérienne reprend place à la table du
Comité.
31.
M. LAOUALI (Niger) dit que lors de la création du
Comité national pour la survie, la protection et le
développement de l'enfant, chargé d'créé
pour assurer la mise en œuvre de
la Convention relative aux droits de l'enfant, la
question s'est était posée de
savoir à quel ministère le rattachermais elle n'en
est pas moins exaltante. Pour l'heure, la coordination
entre les différents ministères n'est pas sans poser
de problèmes : les responsables des politiques de
l'enfance ont du mal à se faire entendre et à
obtenir les budgets dont ils auraient besoin pour faire
progresser les droits de l'enfant dans le pays. Parfois, c'est
à force de négociations et de longs plaidoyers
qu'ils obtiennent des ministères de la santé, de
l'éducation ou de la justice, entre autres, qu'ils
changent d'optique et qu'ils tiennent davantage compte des
droits de l'enfant dans leurs politiques.
Les responsables gouvernementaux étudient actuellement la possibilité d'instituer un observatoire des droits de l'enfant ou encore d'instituer la fonction de médiateur des enfants
32. L'amélioration de la situation socioéconomique des familles par la création d'activités génératrices de revenus apparaît comme une condition essentielle à la promotion des droits de l'enfant au Niger. Étant donné l'état de pauvreté dans lequel vivent la plupart des familles, l'accès aux soins de santé et à l'éducation demeure un objectif fondamental. Le taux de scolarisation des fillettes, en particulier, ne pourra augmenter que si des mesures sont prises pour venir en aide aux mères, généralement surchargées de tâches ménagères et sans revenus.
33. Il n'existe pas encore de parlement des enfants mais le Gouvernement a décidé de créer un organe spécialisé, provisoirement appelé « Conseil pour l'enfance », qui devrait en tenir lieu. En outre le Gouvernement a entrepris de mettre en place un cadre national favorisant la participation des enfants. Avec l'appui des Nations Unies et des ONG, il a ainsi établi un réseau de structures travaillant en faveur de l'enfance. Le Ministère du développement social, qui supervise ce projet, souhaite que tous les enfants, scolarisés ou non, puissent y prendre part.
34. Mme BEBERT (Niger) explique que deux ans après son adoption l'Ordonnance 99/11 portant création des juridictions pour mineurs était encore mal connue des juges. C'est pourquoi le Ministère du développement social et le Ministère de la justice ont mis sur pied, en 2001, un programme de formation à la prise en charge des mineurs en conflit avec la loi, avec l'appui de l'Association française des
volontaires du progrès (AFVP) et de l'UNICEF. Les séances de formation, qui reposent sur l'étude de cas pratiques, ont lieu tous les trois mois et s'adressent non seulement aux magistrats mais aussi aux officiers de police et aux travailleurs sociaux.
35. La Charte de la jeunesse vise à informer et éduquer les jeunes. Depuis son adoption, en 1998, des structures de jeunes ont été mises en place, sous la supervision du Ministère de la jeunesse. De nombreux jeunes reçoivent actuellement une formation du Service national de la participation afin de pouvoir jouer un rôle actif dans les campagnes d'information et de sensibilisation sur des sujets tels que la protection contre le VIH/sida. Le Programme spécial du Président de la République comprend un projet de formation et de réinsertion, dont bénéficient environ 1 000 jeunes par an.
36. La Commission nationale des droits de l'homme et des libertés fondamentales, qui fonctionne depuis 2001, a entrepris d'élaborer un plan d'action et étudie actuellement les modalités de financement de ses activités - dont la mise en œuvre devrait démarrer prochainement. Les structures du Sous‑Comité pour la protection de la femme et de l'enfant sont en place mais il n'est pas encore en activité.
37. L'Association des chefs
traditionnels contribue activement à la promotion des droits
de l'enfant au Niger. Depuis 1999, elle prend part à la
Jjournée de l'enfant
africain et a signé, en 2000, un protocole d'accord
avec l'UNICEF par lequel elle s'est engagée à
soutenir les programmes de vaccination, d'information sur le
VIH/sida et de lutte contre le mariage précoce et le
travail forcé des enfants. Étant très proche de
la population et très écoutée, elle a
déjà obtenu des résultats appréciables
dans de nombreuses régions, notamment sur le plan de
l'accès des fillettes à l'éducation. Les
associations de chefs religieux sont elles aussi
consultées sur toutes les questions concernant les
enfants; elles participent à la Semaine des droits de
l'enfant en intervenant sur ce thème. Elles
coopèrent par ailleurs avec le FNUAP dans le domaine de
la santé génésique et soutiennent les mesures
visant à lutter contre le mariage précoce.
38. Un recueil de textes publié en 2000 fait apparaître les nombreuses contradictions que la coutume présente par rapport à la Convention relative aux droits de l'enfant et à la Charte africaine du droit et du bien‑être de l'enfant. Or les magistrats appliquent plus souvent la coutume que le droit positif et c'est pourquoi le Gouvernement met actuellement l'accent sur la formation des juges, notamment aux niveaux régional et local. L'adoption d'un code de la famille semble constituer à long terme le seul moyen efficace de promouvoir les droits des femmes et des enfants. Un projet de code avait été élaboré il y a quelques années à l'initiative du Ministère des affaires sociales mais il a été massivement rejeté, faute d'un travail suffisant de sensibilisation. Le Ministère s'efforce donc à présent de mettre sur pied une stratégie de préparation à l'adoption d'un code de la famille.
39. Selon la Constitution, le Code pénal et le Code électoral, l'âge de la majorité est bien de 18 ans. Des réformes sont en cours pour arrêter une définition unique de l'enfant, dans tous les domaines.
40. M. CITARELLA demande des éclaircissements sur la définition de l'enfant.
41. M. LAOUALI (Niger) dit que la
coexistence de différentes sources de droit explique
en grande partie la persistance d'incohérences dans la
définition de l'enfant au Niger. La mise
en conformité de la législation nationale avec les
dispositions des instruments internationaux pertinents devra
être précédée d'une harmonisation des âges
minimaum au niveau national,
notamment en ce qui concerne le consentement au mariage,
la scolarité obligatoire et l'admission à
l'emploi.
42. L'Organisation de résistance armée qui a été active dans le nord du pays comptait des enfants dans ses rangs mais elle est à présent dissoute. Le problème de l'enrôlement des mineurs n'a cependant toujours pas été résolu. Dans les prytanées, des enfants sont parfois enrôlés dès l'âge de 14 ou 15 ans et avant de signer le Protocole facultatif concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés, le Gouvernement devra donc prendre une décision concernant le sort des écoles où les enfants sont formés au maniement
des armes. Comme dans la plupart des pays de la région ayant ratifié le Protocole, il devra soit supprimer les prytanées soit modifier le contenu de leur enseignement.
43. Mme BEBERT
(Niger) explique que comme le Comité national
la
composition despour la survie, la protection et le
développement de l'enfant, les comités
régionaux se composentest semblable
à celle du qui est formé de
représentants du Gouvernement, de la société
civile et d'organisations internationales présentes dans
le pays; ils sont en général présidés
par le préfet de région et ont pour membres des
cadres techniques des ministères ainsi que des
représentants des ONG et associations œuvrant
en faveur de l'enfance. Leurs membres reçoivent une
formation organisée par le Comité national, avec
lequel ils entretiennent par la suite des échanges
réguliers, notamment à l'occasion de la Jjournée et de la
Ssemaine de l'enfant. Lorsque
de nouveaux textes sont adoptés ou de nouvelles
activités sont mises en place, le
Comité national envoie un certain nombre de
délégués sur le terrain pour informer les
membres des comités régionaux.
44. À ce jour, un seul
pPlan d'action national pour
la survie, la protection et le développement de l'enfant
a été adopté, en 1992; il. Celui-ci a été
évalué en 2000, en vue de
l'élaboration du rapport de fin de décennie.
Le Gouvernement s'apprête actuellement à élaborer un
nouveau plan d'action national, compte tenu des résultats
de la section extraordinaire de l'Assemblée
générale des Nations Unies tenue
récemment à New York.
45. La commission chargée de la réforme du code pénal relève entièrement du Ministère de la justice et n'est composée que de magistrats. En ce qui concerne le rôle des ONG nationales, qui sont pour la plupart concentrées à Niamey, il convient de noter que seulement quatre ou cinq d'entre elles sont très actives dans le domaine du travail des enfants. Dans le cadre du programme IPEC/BIT, certaines ont bénéficié d'un appui pour venir en aide aux enfants orpailleurs ou employés dans des abattoirs et aux enfants des rues, en les scolarisant et en leur donnant une formation professionnelle.
46. M. LAOUALI (Niger) dit que la prise en compte de la situation des femmes et des enfants dans le document de stratégie de réduction de la pauvreté au Niger a été jugée insuffisante par le Gouvernement, qui a obtenu de pouvoir réviser ce document pour mieux y intégrer les objectifs de l'égalité entre les sexes et de la promotion des droits de l'enfant.
47. Comme dans certains autres pays
africains, on observe une forte concentration des ONG nationales
dans les grandes villes et, surtout, une absence de
spécialisation qui fait qu'à vouloir s'occuper à la
fois des femmes, des enfants, de l'environnement, de la santé,
etc., au bout du compte rien de concret
n'est réalisé. Le Gouvernement est conscient de ce
problème et s'efforce de trouver les moyens d'encourager les
organisations nationales à travailler davantage en zone
rurale. Les activités menées dans ce cadre
en collaboration avec le pProgramme IPEC, le
Ministère du développement social et le Ministère du
travail et de l'emploi correspondent à une stratégie
d'ensemble qui consiste à privilégier, par des mesures de
« discrimination positive », les ONG qui
acceptent de s'installer dans les campagnes, en leur apportant
un appui technique pour la présentation de demandes
d'assistance aux donateurs et autres partenaires du
développement. Le problème est cependant bien réel,
comme en témoigne le fait que, au moment de mettre
en place un réseau, seule une vingtaine d'ONG - de taille
moyenne et avec très peu de moyens techniques et d'expertise -
ne s'occupant que des enfants ont pu être
identifiées.
48. Mme BEBERT (Niger) ditque la politique nationale du développement social adoptée en 1999 intègre quatre politiques sectorielles, dont la politique nationale de protection de l'enfant qui comporte deux volets : protection juridique (avec l'harmonisation des dispositions y relatives) et protection sociale (notamment des enfants ayant des besoins spéciaux). Elle n'a toutefois pas encore été mise en application, les plans d'action pour 2001 et 2002 n'ayant pas été adoptés par le Gouvernement.
49. La Convention a été traduite en quatre langues, avec l'aide de l'UNICEF, mais l'instabilité politique et sociale du pays, et l'immobilité des cadres qui en a résulté, a entravé la diffusion de ce document.
50. M. LAOUALI (Niger) dit
qu'en raison du taux élevé d'analphabétisme et du
caractère encore très vivace de la tradition orale, la
diffusion du texte de la Convention se fait dans le cadre
d'activités (formation, émissions de radio et
télévision) et de manifestations (comme la Journée
de l'enfant) très diverses. Ce qui importe au premier chef est
donc de former les responsables de cette diffusion qui assureront
eux‑mêmes le relai, .
Ll'idéal restant
cependant serait bien sûr de faire
traduire la Convention dans les 10 langues du pays.
Il convient toutefois de souligner que même si le
texte n'a été publié que dans deux langues,
environ 80 % des Nigériens y ont déjà
accès, par l'intermédiaire des
personnes qui savent lireet écrire.
53. Mme AL‑THANI souhaite connaître les mesures prises pour lutter contre l'exclusion et l'abandon des enfants handicapés et pour faire évoluer les mentalités dans ce domaine.
54.
Mme SARDENBERG demande s'il existe des
dispositions visant à garantir le droit de l'enfant à la
liberté d'expression dans les villes aussi bien qu'en zone
rurale et comment est organisée la fête traditionnelle du
Wassankara(par. 68), qui permet aux enfants de
s'adresser indirectement aux adultes. Elle souhaite savoir si les
chefs traditionnels sont associés aux efforts visant à
favoriser la participation des enfants à la vie de
l'école et, de façon générale, à la vie
politique et sociale.
55. Constatant que la discrimination à l'égard des filles continue de poser un grave problème, dans le domaine de l'éducation notamment, qui est aggravé par le fait que les femmes forment le groupe social le plus touché par la pauvreté, elle aimerait que la délégation commente cette situation et, en particulier, explique les réserves émises par le Niger concernant la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
56. M. CITARELLA demande si
les enfants réfugiés ou migrants font l'objet d'une
discrimination. Il aimerait savoir si des mesures ont
été prises pour lutter contre les infanticides, qui
représentent un tiers des affaires portées
en justice, et si des données sont disponibles sur la
proportion de naissances dûment enregistrées. En ce qui
concerne le respect des vues de l'enfant, il voudrait des
précisions sur le fonctionnement et la supervision des
organisations de jeunes appelées
« fadas »(par. 66
et 108).
57. Mme KHATTAB souligne que le poids des coutumes et de la tradition est beaucoup plus lourd que celui de la religion s'agissant de la discrimination à l'égard des filles et voudrait connaître les mesures
prises pour appliquer les décisions de la Conférence de Dakar sur l'éducation pour tous et l'initiative du Secrétaire général de l'ONU sur l'éducation des filles, demandant à ce sujet si l'État partie a sollicité l'assistance de l'UNICEF, de l'UNESCO, de la Banque mondiale ou d'un autre organisme des Nations Unies.
58. Elle aimerait en outre des
précisions sur les informations relatives à la
liberté sexuelle et aux relations sexuelles précoces, qui
semblent en contradiction avec le fait que 96 % des
Nigériens pratiquent l'Islam - qui interdit aux filles
toute
sexualité d'avoir des rapports sexuels avant le
mariage. Enfin, au sujet deen ce qui concerne l'environnement
familial, elle voudrait savoir s'il est réellement possible,
compte tenu de l'importance des pratiques coutumières, de
pénétrer dans le domicile des parents lorsqu'il s'agit de
garantir l'intérêt supérieur de
l'enfant(par 110).
61. Mme CHUTIKUL
demande à quel point et comment les hommes
en général et les pères en particulier, du
plus haut niveau de décision jusqu'aux plus petites
communautés, sont sensibilisés au grave problème que
constitue la discrimination à l'égard des filles et s'ils
sont associés aux activités visant à faire
évoluer les mentalités, ainsi qu'à celles
concernant en matière dela
planification familiale par exemple. Elle voudrait de plus savoir
si l'État partie envisage d'inclure une majorité de
femmes dans le Comité national.
62. Le PRÉSIDENT, parlant
en sa qualité d'expert,
M. DOEKdemande comment
s'explique le nombre très important d'infanticides et quel est
le but recherché par l'État partie en traduisant les
mères en justice. Par ailleurs, il voudrait des
informations sur les effets du divorce - garde des enfants et
statut de leur mère notamment.,
La séance est levée à 13 h 5.
-----